Les armées, seules, vont devoir assumer en 2017 le surcoût des opérations extérieures, soit 850 millions d'euros.
La démission de Pierre de Villiers n'a pas sonné la fin des hostilités entre la grande muette et l'exécutif. Le nouveau chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, a mis en garde ce mardi 5 septembre contre les "réflexes de régulation budgétaire sauvages" dans le secteur de la défense, sur fond de surengagement des armées.
"Une armée est un gros paquebot, on ne construit pas et on ne reconstruit pas un appareil militaire en deux coups de cuillère à pot", a-t-il déclaré à l'université d'été de la Défense, qui réunissait la ministre des Armées Florence Parly, militaires et parlementaires à Toulon, dans le Var.
850 millions de surcoût
"Les réflexes de régulation budgétaire sauvages viennent trop souvent, malheureusement, détruire le travail de cohérence qui est effectué dans le cadre de l'élaboration de la loi de programmation militaire et des lois de finances initiales", a-t-il ajouté.
Le général Lecointre a notamment insisté sur la nécessité de maintenir un financement interministériel des opérations extérieures (environ 1,2 milliard d'euros par an) plutôt que de faire porter l'effort sur le seul ministère des Armées.
"Qu'on ne prétende pas atteindre l'inatteignable qui sera extrêmement dangereux, c'est-à-dire 'le ministère des Armées, quoi qu'il arrive, prendra sous enveloppe la totalité des dépenses des opérations extérieures'", a-t-il souligné.
Les armées vont devoir assumer en 2017 le surcoût des opérations extérieures (environ 850 millions d'euros), jusqu'ici réparti entre les autres ministères au nom de l'effort collectif de défense.
Concrètement, leur budget restera en apparence inchangé par rapport à celui voté par le Parlement en 2016. Mais cela fait 850 millions de crédits en moins pour leurs programmes d'équipements.
"Refonte" de Sentinelle ?
"Un complément de solidarité interministériel [...] est extrêmement important pour montrer que ce ne sont pas les armées qui décident de leurs engagements mais que c'est bien un engagement des armées de la France qui est voulu par le gouvernement, le président et qui est validé par le Parlement", a relevé le général Lemoine.
Les coupes imposées aux armées en 2017, sur fond d'effort budgétaire global, ont provoqué une crise entre le président Emmanuel Macron et l'ex-chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, qui a démissionné en juillet.
Le chef de l'Etat a déclaré jeudi 31 août dans une interview au "Point" ne "pas avoir de regret" et "assumer totalement" cette crise, qualifiée de "tempête dans un verre d'eau". Il s'est engagé à porter l'effort de défense à 2% du produit intérieur brut (PIB) en 2025, soit un budget de 50 milliards d'euros, avec une première hausse conséquente de 1,8 milliard d'euros des crédits en 2018.
"Le rythme de cette hausse se poursuivra avec une augmentation de 1,6 milliard d'euros par an pendant toute la durée du quinquennat", a assuré Florence Parly à Toulon.
Abondant dans le sens du général Lecointre, elle a évoqué la "possibilité d'ajuster le niveau d'engagement [des armées sur les théâtres extérieurs, NDLR] en fonction de l'évolution de la situation sur le terrain". Une "refonte" de l'opération Sentinelle – qui mobilise en permanence 7.000 hommes en France depuis les attentats djihadistes de 2015 – sera prochainement présentée, afin de rendre son "mode opératoire" plus "efficace et réactif", a-t-elle ajouté, sans autre précision.