Édouard Philippe a annoncé que la révision constitutionnelle pourrait restreindre le droit d’amendement des parlementaires en fonction du poids de leur groupe politique. Le président du groupe Nouvelle gauche à l’Assemblée nationale dénonce une volonté de "brider le Parlement".
Emmanuel Macron veut accélérer les travaux parlementaires et pour mener à bien cette entreprise, Édouard Philippe a annoncé qu'on pourrait toucher au droit d’amendement des parlementaires.
De quoi fédérer tous les groupes politiques contre la révision constitutionnelle.
"C’est un scandale", s’emporte le président du groupe Nouvelle gauche à l’Assemblée nationale. Invité de Territoires d’Infos ce vendredi 9 mars, Olivier Faure ne décolère pas.
"Vous vous rendez compte que, y compris dans la Constitution actuelle, nous avons un droit d’amendement qui est un droit d’amendement personnel", s’époumone-t-il.
Cette disposition reviendrait à conditionner le droit d’amendement au poids des groupes politiques auxquels appartiennent les parlementaires. "Demain on vous dira: "Écoutez Monsieur Faure, vous êtes socialiste, vous avez droit à 3 amendements, vous êtes En marche! vous avez droit à 10 amendements"", illustre Olivier Faure.
"Déséquilibrer un peu plus les pouvoirs"
Autre motif de colère: la méthode. Le gouvernement prétend vouloir limiter les tentatives d’obstruction des parlementaires. "Un argument fallacieux", selon Olivier Faure.
Il précise que jamais "nous avons passé plus d’une semaine sur un texte (c’est-à-dire 3 ou 4 jours de séance)".
"C’est une volonté à chaque fois de brider le Parlement" et de "déséquilibrer un peu plus les pouvoirs entre l’exécutif et le législatif" au risque d’une concentration des pouvoirs entre les mains du président de la République.
Mais l’opinion ne s’aligne sur la position des parlementaires. Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et France Info publié jeudi soir, une écrasante majorité des Français plébiscitent la réforme des institutions voulue par Emmanuel Macron.
Rien d’étonnant pour Olivier Faure qui accuse l’exécutif de jouer sur l’antiparlementarisme ambiant et de jetter les élus en pâture. "Si on demandait (aux Français) s’ils voulaient moins de journalistes, ils diraient oui aussi", argue-t-il.