Des données collectées par Galileo en 1997 et analysées récemment confortent l’hypothèse de l’existence de jets de vapeurs d’eau sur la lune de Jupiter.
« Y a-t-il de la vie ailleurs que sur Terre ? ». Cette question si fascinante trouve un écho particulier lorsque les regards se tournent vers Europe. Depuis des décennies, les astronomes se passionnent pour cette lune de Jupiter (qui porte le nom de notre continent), car sous sa croûte de glace extrêmement froide et d’une épaisseur mystérieuse, elle contient probablement des océans d’eau liquide. Une rare source potentielle de vie dans le système solaire.
De nouvelles données communiquées lundi par la Nasa permettent d’entretenir cet espoir, même si le mot « nouveaux » est sans doute abusif. Elles ont été collectées par Galileo, la sonde envoyée par les Etats-Unis qui a survolé Europe onze fois entre 1995 et 2003.
Le 16 décembre 1997, lors d’un de ces survols à une altitude particulièrement basse de moins de 150 km, Galileo a traversé de plein fouet une probable colonne de vapeur d’eau s’échappant des entrailles de la lune. Les chercheurs ne s’en sont aperçus que récemment, en se replongeant dans les données enregistrées à l’époque. « Nous avons vu des signes que nous n’avions jamais vraiment compris », s’est rappelée Margaret Kivelson, l’une des scientifiques de la mission Galileo, lors d’une émission de la Nasa lundi.
Le déclic s’est produit l’an dernier. Lors d’une réunion dans le Maryland, les scientifiques préparant la prochaine Europa Clipper ont eu l’idée de vérifier dans les vieilles données de Galileo s’ils y trouvaient la confirmation de ce que le télescope Hubble a cru apercevoir en 2012 : des jets de vapeur d’eau provenant de l’intérieur de la lune.
Une dizaine d’années avant l’arrivée de nouvelles sondes
Les anomalies enregistrées en 1997 correspondaient bien à la région de la colonne de vapeur repérée par Hubble. La sonde Galileo a donc très probablement volé au beau milieu du panache, pendant environ trois minutes.
Les résultats de cette nouvelle analyse ont été publiés lundi dans la revue Nature. Les geysers, si leur existence est confirmée, pourraient un jour offrir un moyen d’obtenir, grâce à l’envoi de robots, des échantillons de l’eau se trouvant sous la glace pour les analyser sans avoir à forer une croûte de glace qui pourrait mesurer des kilomètres.
La découverte est importante, car les chercheurs vont maintenant essayer de programmer Europa Clipper afin qu’elle survole la même région, a expliqué Elizabeth Turtle, du laboratoire de physique appliquée de l’université Johns Hopkins. Cette sonde sera cette fois équipée d’instruments qui permettront d’en analyser la composition chimique. Et elle sera capable de descendre à seulement 25 km d’altitude, du jamais-vu.
Il faudra toutefois attendre encore un peu avant d’en avoir le coeur net. Europa Clipper et la sonde européenne « Juice » devraient s’approcher de Jupiter et de ses lunes entre la fin des années 2020 et le début des années 2030.
Source : http://www.leparisien.fr/societe/probables-geysers-sur-la-lune-de-jupiter-l-espoir-d-une-vie-extraterrestre-14-05-2018-7715880.php