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L214 : une enquête révèle le calvaire des poulets forcés à grossir

L'association L214 diffuse mercredi soir une vidéo réalisée dans un élevage vendéen sous contrat d’intégration avec le groupe volailler Doux. Semaine après semaine, les images montrent le supplice des poulets forcés à grossir le plus rapidement possible.

Avez-vous déjà vu grossir de la protéine sur patte? L’idée prête à sourire quand ça se passe dans l’usine Tricatel. Mais la vidéo diffusée mercredi soir par l’association L214 et commentée par l’humoriste Christine Berrou n’a rien d’un bon comique avec un Louis De Funès en lutte contre la malbouffe. Ici, l’entrepôt est bien réel. Et les «choses», pourtant sensibles, qui y grossissent à vue d’œil finissent au rayon boucherie des supermarchés.

 

«L’enquête a été menée dans un élevage de Vendée sous contrat d’intégration avec le groupe volailler Doux qui destine une partie de sa production au marché français (sous la marque Père Dodu) et une autre partie à l’export vers les pays du Moyen-Orient, précise L214 dans son communiqué. Les poulets présents dans l’élevage au moment de notre enquête étaient destinés à l’export (abattage à 32 jours au lieu de 35 environ). Les images ont été tournées entre fin avril et fin mai 2017, dans deux bâtiments de 1200 m2, chacun renfermant plus de 35000 poulets. Les animaux ont été filmés à leur 3e, 12e, 19e, 26e et 31e jour».

Beaucoup boitent, se déplument, d’autres agonisent, se décomposent...

Un jour après leur naissance, les poussins sont cloîtrés dans un bâtiment avec une lumière artificielle en continu. Ils n’auront jamais vu leur mère, ne se seront jamais perchés… Sélectionnés génétiquement, ces oiseaux sont issus de souche dite à croissance rapide afin de produire un maximum de chair, relate L214. Des outils façonnés pour remplir l’estomac : ils grossissent 4 fois plus rapidement qu’en 1950! D’ailleurs, 20 jours plus tard, l’entrepôt est vite saturé par des milliers de bêtes étranges ; tête de poussin sur corps de poulet. Beaucoup de ces animaux Frankenstein boitent, se déplument, d’autres agonisent, se décomposent au milieu de leurs congénères. Les plus faibles ne peuvent atteindre les mangeoires. Ils se nourrissent d’excréments. L’endroit grouille de parasites : puces, poux rouges, ténébrions. Après 1 mois, les poulets atteignent les 1,4 kg. À point pour l’abattoir. Sur les images diffusées par L214, on voit ces pantins de plumes suspendus vivants et conscients à la chaîne industrielle, «à l’abattoir de Chantonnay, précise L214, où sont tués 185 000 poulets par jour, à la cadence de 120 à la minute».

Voir la vidéo :

Sur son site Internet, le groupe Doux -1er producteur de volailles en Europe et 3e exportateur mondial du secteur- explique pourtant que le bien être animal est une préoccupation essentielle et qu’«une charte (luminosité des bâtiments, espace disponible, qualité de l’alimentation, de l’entretien et des soins apportés aux animaux…) est diffusée aux éleveurs». Et de préciser : «Doux laisse grandir ses poulets dans des fermes, dans l’ouest de la France, situées en plein cœur d’une grande région agricole, qui leurs sont exclusivement dédiées. Ils sont protégés des agressions et des contaminations extérieures, et nourris à base d’aliments que le groupe produit lui-même. Menés à maturité, ils auront été élevés harmonieusement dans un respect total des normes sanitaires et d’hygiène, européennes et internationales (…) L’ensemble des salariés en contact avec les poulets reçoivent une formation relative au bien-être des animaux. Le groupe exige également qu’un suivi technique et sanitaire soit régulièrement réalisé par l’éleveur, appuyé par une équipe de techniciens et de vétérinaires experts».

Contacté par Paris Match, le groupe Doux et l’éleveur n’ont, pour l’heure, pas répondu à nos questions.

Une pétition lancée

L214 lance une pétition adressée à Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et à Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et Solidaire, pour exiger la fin de l’élevage à croissance rapide des poulets. L’association rappelle qu’aujourd’hui 75% des 800 millions de poulets élevés chaque année en France le sont dans des conditions intensives semblables à celles montrées dans cette nouvelle enquête. «Les Etats généraux de l’alimentation ont pour ambition de transformer les modèles de production pour mieux répondre aux attentes des consommateurs, une occasion rêvée pour sortir l’élevage français du modèle intensif dans lequel il est embourbé, conclut Sébastien Arsac, porte-parole de L214. Mais n’oublions pas que le pouvoir est aussi entre les mains des consommateurs et que la végétalisation de nos assiettes * reste le moyen le plus sûr d’épargner de telles souffrances aux animaux».

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