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Le général Pierre de Villiers sort du silence après sa démission fracassante


Confidences. Dans un livre à paraître demain 8 novembre, l’ex-chef d'Etat-major des armées revient sur le conflit qui l’a opposé à Emmanuel Macron, ses relations avec le jeune président et son départ.

En juillet, en annonçant 850 millions d’euros de baisse des crédits militaires, Emmanuel Macron a provoqué le coup de gueule du général Pierre de Villiers. Devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, il avait fustigé cette décision du gouvernement et avait déclaré qu'il ne se laisserait pas “baiser comme ça”. Un ton qui n'avait pas du tout plu à Emmanuel Macron, qui avait par la suite indirectement attaqué le général. Après ce bras de fer qui avait duré une semaine, le chef d'Etat-major des armées avait démissionné avec fracas. Depuis, le général François Lecointre l’a remplacé.

“La vraie obéissance se moque de l'obéissance aveugle”

Dans un livre intitulé “Servir” (Editions Fayard) à paraître le 8 novembre, le général Pierre de Villiers revient sur son conflit avec le président de la République et sa démission. “La vraie loyauté consiste à dire la vérité à son chef”, écrit-il. “La vraie liberté est d'être capable de le faire, quels que soient les risques et les conséquences (...) La vraie obéissance se moque de l'obéissance aveugle. C'est l'obéissance d'amitié”, estime-t-il dans son ouvrage de 250 pages. Pour lui, “la loyauté n'est pas l'esprit de cour ni l'assentiment permanent à ce qui peut être utile pour se faire bien voir. Le silence est parfois proche de la lâcheté”.

Concernant les restructurations imposées aux armées au cours des dernières années, l’ex-chef d'Etat-major des armées déclare : “On a déjà donné. On a déjà tout donné”. Et d’ajouter : “Le ministère de la Défense a été le plus important contributeur de la révision générale des politiques publiques (RGPP) instaurée en 2007 (...) En poste à Matignon entre 2008 et 2010, j'ai pu le vérifier, chiffres à l'appui (...) Lorsque les engagements opérationnels sont en hausse et le budget en baisse, j'appelle cela un grand écart”.

“Le silence est parfois proche de la lâcheté”

S’il ne lève pas le voile sur son dernier entretien avec Emmanuel Macron, désirant le “garder” pour lui, il se confie volontiers sur ses relations avec le président. Avant la crise, elles ont “été empreintes de franchise, de confiance et de cordialité”, raconte le général Pierre de Villiers, estimant qu'après avoir été “critiqué publiquement et explicitement” par le chef de l'État lors d'un discours le 13 juillet, “le lien de confiance entre le chef des armées et son chef d'Etat-major était trop dégradé pour que je puisse continuer à mon poste”.

In fine, Pierre de Villiers revient sur la haie d'honneur et les applaudissements que les personnels du ministère de la Défense lui ont réservé le jour de son départ. Il lit alors “dans les regards la déception, la colère parfois, l'incompréhension, mais aussi la fierté retrouvée d'un chef qui est allé au bout de ses convictions”.

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