Le vrai mensonge de Macron et Le Maire
Edito. On nous avait promis baisses d’impôts et hausse du pouvoir d’achat, nous aurons hausses d’impôts et baisse du pouvoir d’achat. Cherchez l’erreur…
Le 23 janvier dernier, j’ai adressé une vidéo sur Twitter au ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Dans l’enregistrement, j’affirmais que selon mes calculs ce n’était pas une baisse d’impôts qui allait caractériser l’année fiscale 2018, mais plutôt une augmentation de plusieurs milliards. Je terminai mon Recommandé à Bruno Le Maire (c’est le nom que j’ai donné à mes interpellations hebdomadaires sur Twitter et Facebook) par cette question : « Est-ce que Macron nous a menti quand il nous a dit qu’il allait baisser les impôts ? »
Le lendemain, mercredi 24 janvier, surprise : Bruno Le Maire prenait la peine de me répondre sur Twitter. Dans sa vidéo, le ministre de l’Économie et des Finances réaffirmait : « Les impôts vont baisser très précisément de 2 milliards d’euros en 2018 et de 5,5 milliards d’euros les années suivantes. »
Ah bon ? Je me suis donc penché sur l’étrange mode de calcul de Bercy : pour arriver à ses 2 milliards de pouvoir d’achat supplémentaires, le gouvernement prend en compte les hypothétiques changements de comportement des Français. C’est ce qu’expliquait Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement d’Édouard Philippe : « La fiscalité indirecte sur le tabac et sur le diesel a pour vocation de changer les comportements. » Vous ne comprenez pas ? Normal, car c’est franchement tiré par les cheveux. Voici, en trois étapes, la théorie des Macron’s boys pour les nuls. Primo : l’État augmente les taxes sur le tabac et le gazole. Secundo : les Français baissent leur consommation de cigarettes et abandonnent leurs voitures diesel. Tertio : en fumant moins et en roulant à l’essence, ils gagnent du pouvoir d’achat ! Vous ne rêvez pas : voilà d’où viennent les miraculeux 2 milliards d’euros supplémentaires de pouvoir d’achat dont on nous parle depuis plusieurs semaines. Ahurissant ! C’est en tablant sur des changements d’habitudes que Macron promet aux contribuables français 2 milliards en 2018 puis 5,5 milliards en 2019. Dans les éléments de langage des ministres et députés de La République en marche, ces supputations aléatoires se sont donc transformées en baisses nettes d’impôt… L’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) n’est pas d’accord. Selon cet organisme orienté à gauche, les mesures de Macron seront « quasiment neutres sur le pouvoir d’achat global des ménages en moyenne en 2018 ». Et pour ce qui est des impôts, l’OFCE évoque une hausse nette de 1,6 milliard d’euros. On est loin des estimations de Bruno Le Maire.
Mais le plus grave est ailleurs. Souvenons-nous de Bruno Le Maire assurant à la télévision : « Il n’y aura pas de nouvel impôt pendant le quinquennat. » Certes, sur le plan sémantique, un impôt n’est pas une taxe. Mais depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, huit taxes, impôts ou contributions ont déjà été créés entre la loi de fi nances rectifi cative de 2017 et le budget 2018. Des taxes portant sur les ventes de logements par les offices HLM, les industries du papier, l’exploration d’hydrocarbures et les sites géothermiques, deux contributions exceptionnelles sur l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur la fortune immobilière (qui opère un prélèvement sur les “petits riches”, propriétaires de leur résidence principale et de leur résidence secondaire, alors que les vrais multimillionnaires ne paieront plus d’ISF), ou encore la nouvelle taxe “inondation” entrée en vigueur le 1er janvier, qui s’ajoute à la taxe d’habitation.
Parlons aussi des taxes existantes, alourdies par l’administration Macron : la hausse de 1,7 point de la CSG, l’augmentation de la fiscalité du tabac, du gaz, de l’essence, l’alourdissement de la taxe “abri de jardin”, l’augmentation des taxes sur les métaux précieux ou encore sur les véhicules polluants. Sans oublier la réforme de la cotisation foncière des entreprises…
Monsieur Macron, vous nous avez menti. Vous avez été élu pour réformer l’État et diminuer la dépense publique, pas pour nous infliger des milliards d’impôts supplémentaires. Vous nous avez menti.