Attaques terroristes dans l'Aude. Qui est Arnaud Beltrame, le gendarme qui a pris la place d'
Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a volontairement pris la place du dernier otage, lors de l'attaque terroriste qui a touché le Super U de Trèbes dans l'Aude, vendredi. Il est grièvement blessé.
Un véritable héros. Arnaud Beltrame, numéro trois du groupement de gendarmerie de l'Aude, s'est volontairement substitué à une otage du Super U de Trèbes, visé par une attaque terroriste vendredi 23 mars. Il a été grièvement blessé par le terroriste, Redouane Lakdim. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a salué son «héroïsme», et Emmanuel Macron son «courage». L'attaque a fait au total 3 morts, 16 blessés, dont 2 graves.
Il avait commandé un exercice de simulation d'attentat dans un supermarché à Carcassonne en décembre dernier, indique La Dépêche du Midi. « Le scénario de la simulation d'attentat organisé ce jour-là fait froid dans le dos tant il semble prémonitoire : une tuerie de masse...dans un supermarché », indique le journal.
Cet officier-supérieur est issu du recrutement de l'école militaire interarmes (EMIA) de Saint-Cyr Coëtquidan; il avait rejoint en 2001 l'EOGN de Melun afin de poursuivre sa carrière militaire au sein de la gendarmerie (promotion Capitaine-Gauvenet). Après un passage par le 1er Régiment de la Garde républicaine, Arnaud Beltrame a commandé la compagnie de gendarmerie d'Avranches (Manche) d'août 2010 à juillet 2014. Il avait ensuite été nommé conseiller auprès du secrétaire général du ministère de l'Écologie où il avait pour mission de coordonner les actions entre le cabinet ministériel et la gendarmerie. Il avait, à l'issue de ce détachement, rejoint l'Ecole de guerre.
« Dévouement et culte de la mission »
A la veille de quitter le Sud-Manche, Arnaud Beltrame avait affirmé que son affectation à Avranches était sa meilleure. « C'est un grand honneur d'avoir commandé cette compagnie. Ma meilleure affectation, et mon meilleur commandement en 18 ans de carrière. J'ai beaucoup aimé les gens et la région », avait-il confié.
L'ancien patron des gendarmes du Sud-Manche originaire de l'Essonne avait même tenu, le jour de sa cérémonie de départ en juillet 2014, à rendre « hommage à tous les gendarmes pour leur dévouement et leur culte de la missio ».
Arnaud Beltrame avait été fait chevalier de la Légion d'Honneur en mai 2012. Il avait été nommé lieutenant-colonel en août 2016.
Un courage salué dans la Manche
Guénhaël Huet, maire d’Avranches de 2001 à 2014, a été très ému en apprenant l’identité du gendarme qui s’est proposé comme otage. « Je le connaîs bien, j’étais même assez proche de lui », raconte l’ancien élu du Sud-Manche.
Arnaud Beltrame habitait à l'époque à 300 m de chez lui. « Je ne savais même pas qu’il avait quitté Paris.
Quand il avait quitté Avranches, il avait pris un poste à Paris. Il était chargé de la sécurité au ministère de l’Environnement. Je pensais qu’il y était encore car je n’avais plus de contact avec lui depuis près d’un an. Je ne suis pas surpris qu’il ait fait ça. C’était, enfin c’est, puisqu’il n’est pas décédé encore, et j’espère qu’il s’en sortira, un homme de terrain, d’action très courageux. Qu’il ait fait cette proposition de se substituer à un otage ne me surprend absolument pas. »
La voix tremblotante, Guénhaël Huet, ancien député de la Manche et président de la communauté de communes d'Avranches-Mont-Saint-Michel, raconte un homme « qui n’a peur de rien, qui va à l’affrontement, qui est présent ». A Avranches, le gendarme avait mis en place des patrouilles de proximité en ville. « C’est quelqu’un qui avait un très fort sens du devoir. »
Jean Andro, maire de Saint-Senier-sous-Avranches, a aussi beaucoup fréquenté Arnaud Beltrame lorsqu’il exerçait dans le Sud-Manche. « C’était mon voisin, on se voyait souvent. Nous sommes amis. »
L’homme a appris la nouvelle avec effroi. « C’est lui le gendarme dont on parle partout ?! » Il décrit un « jeune très volontaire, très speed, monté sur ressort je dirais presque. »
Le Manchois n’a pas été étonné d’apprendre que « c’était lui ?» : « C’est un fonceur ! »