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Rencontre avec le pionnier de la microculture bio-intensive


L'Américain Eliot Coleman est l'artisan d'un modèle agricole en plein essor : l'agriculture biologique intensive, une façon de cultiver la terre qui incite des jeunes à faire le saut en agriculture.

Un texte de Gilbert Bégin, de La semaine verte

Dans sa microferme d’Harborside, dans le Maine, Eliot Coleman nous fait entrer dans sa serre d’épinards. À nos pieds, des centaines de plants verdoyants, serrés les uns contre les autres. Pas un centimètre de surface n’est perdu. Le tapis est luxuriant. Nous sommes pourtant en plein cœur de l’hiver.

Le froid condense les sucres. Ce sont probablement les meilleurs épinards qu’on puisse manger.

Eliot Coleman

Sur la terre froide du Maine, le jardinier réussit à faire pousser pas moins de 36 variétés de légumes différents, dont 18 en hiver. Mais ce maître maraîcher offre beaucoup plus que la simple culture de légumes d’hiver.

Chaque année, Eliot Coleman prouve qu’une petite ferme peut être rentable et atteindre de hauts rendements, sans engrais ni pesticides.

Sa ferme est devenue un modèle d’agriculture biologique intensive, un type d’agriculture qui consiste à tirer le maximum de rendement sur de petites surfaces. Le bio-intensif se caractérise également par une utilisation réduite de la machinerie, une solution qui contribue à diminuer l’endettement des agriculteurs.

Son lopin de terre fait vivre deux familles, ce qui constitue un exploit quand on sait que ce maître maraîcher cultive ses légumes sur une surface d’un seul hectare.

Tout miser sur le sol

Pour soutenir une telle performance, M. Coleman voue un véritable culte à son principal allié : le sol.

Par exemple, les planches de cultures qu’il bichonne sont interdites de passage, par peur de compacter le sol et d’affecter la vie microbienne qui y pullule. Il fertilise également ses sols aussi souvent que possible avec des engrais organiques.

Je préfère nourrir le sol, plutôt que de nourrir la plante comme le propose l’industrie avec ses engrais chimiques.

Eliot Coleman

Et ses légumes le lui rendent bien. Ils sont si vigoureux que M. Coleman n’a jamais eu recours aux pesticides pour repousser les envahisseurs.

 

S’inspirer du passé

En plus de porter une attention particulière au sol, Eliot Coleman maximise chaque centimètre carré de sa minuscule terre. Il plante en rang serré et favorise une rotation rapide de ses légumes. Dans ce modèle ultra productif, rien n’est laissé au hasard.

Mais le jardinier avoue qu’il n’a rien inventé des techniques de l'agriculture biologique intensive. Il les a plutôt modernisées.

C’est lors d’un voyage en France dans les années 1970 que le maraîcher est mis en présence des techniques agricoles utilisées par les jardiniers parisiens du 19e siècle.

« Nos anciens possédaient déjà un grand savoir. Ils maîtrisaient la rotation des légumes, utilisaient des engrais et les couches chaudes pour protéger leurs cultures du froid. Leur modèle frôlait la perfection; j’ai voulu l’adapter ici en Amérique », explique-t-il.


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