top of page

Les boulettes de Jupiter avant le congrès de Versailles


Devant le Congrès, Macron aurait l’ambition de «donner du sens» et de «fixer le cap». C’est peu dire qu’il aura fort à faire, après plusieurs semaines de couacs et de revirements incompréhensibles. Rapports fantômes, calendrier incertain, cafouillages entre ministres… l’expression gouvernementale a atteint un niveau de confusion inédit, particulièrement sensible depuis la mi-mai et la calamiteuse séquence sur la politique de la Ville. A cette occasion, Macron a déçu et inquiété, jusque dans ses propres rangs.

 

22 mai Borloo enterré, Borloo humilié

Emmanuel Macron commet peut-être, ce jour-là, la plus lourde de ses fautes politiques. Au sein même de l’équipe présidentielle, certains ne cachent pas leur incompréhension, voire leur effarement : «Je ne vais pas faire un discours […], je ne vais pas non plus vous annoncer un plan banlieue», avait commencé le chef de l’Etat, avant d’improviser une interminable et indigeste causerie devant plusieurs centaines d’acteurs de la politique de la Ville. Ils n’en retiendront qu’une chose : après avoir confié à Borloo le soin de proposer des pistes pour sortir de la relégation les habitants des quartiers, Macron lui a répondu par une longue séance d’humiliation publique, concluant que cette affaire ne pouvait se régler entre «deux mâles blancs».

 

11 juin L’«Aquarius», navire indésirable

Un silence assourdissant. Ce lundi-là, voilà deux jours que le navire humanitaire Aquarius et ses 629 migrants recueillis en pleine mer flottent au large d’une Italie qui lui ferme ses ports. Côté gouvernement, pas un mot. Personne, en tout cas, pour inviter le bateau à rejoindre les côtes françaises. C’est l’Espagne du socialiste Pedro Sánchez qui tendra la main. Le gouvernement italien a beau jeu de railler une France donneuse de leçons derrière ses propres barricades. Le nouvel exécutif transalpin est de ces populismes dont Macron s’est fait le procureur à l’international. Mais sur la scène française, il faut composer avec une opinion majoritairement hostile à l’accueil de migrants dont le projet de loi asile et immigration va encore durcir le parcours. Ce «en même temps» peut-il faire autre chose que des mécontents ?

 

12 juin L’indécent «pognon de dingue» de l’Elysée

A l’Elysée, on trouvait l’idée excellente : diffuser, à la veille d’une grande intervention du Président, une courte vidéo montrant celui-ci dissertant devant ses conseillers sur les aides sociales. «On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux, et les gens ne s’en sortent pas !» peste Macron. Polémique sur le fond et la forme. Cette sortie confirme-t-elle que l’exécutif s’apprête à réduire ces aides ? Côté Bercy, les ministres Bruno Le Maire et Gérald Darmanin l’avaient laissé entendre quelques jours plus tôt. Dans son discours, c’est pourtant un progrès social que s’efforce de faire valoir le Président : remboursement intégral de certaines lunettes, prothèses dentaires et auditives dans un «Etat-providence de la dignité et de l’émancipation». Mais «le pognon de dingue» rend ses annonces inaudibles. Evasive et contradictoire, la communication gouvernementale ne clarifie rien. D’autant que les services statistiques du ministère des Solidarités se permettent ce rappel, quelques jours plus tard : si la France est championne du monde des dépenses sociales, cela lui permet de réduire de 10 points son taux de pauvreté. Un «pognon» pas si «inefficace» que cela.

 

26 juin Revirements sur les pensions de réversion

Edouard Philippe pensait être clair. Ce jour-là, devant des sénateurs affolés, le Premier ministre est catégorique : «En aucune façon le gouvernement ne travaille sur des mesures qui viendraient amoindrir ou remettre en cause les pensions de réversion.» Voilà en effet plusieurs semaines que le sujet affole les retraités et la majorité. La faute à une petite phrase relevée par les syndicats dans un document remis par Jean-Paul Delevoye, chargé de préparer la future réforme des retraites : «Compte tenu des évolutions en matière de taux d’emploi des femmes et de conjugalité, doit-on maintenir des pensions de réversion ?» Vent de panique sur l’exécutif. Pas question de fâcher davantage les aînés, déjà échaudés par la hausse de la CSG. Macron, pourtant en déplacement au Vatican, doit intervenir : sur Twitter, il dément la disparition des pensions de réversion et affirme qu’elles ne diminueront pas pour leurs bénéficiaires… «actuels». Deux jours plus tard, le patron de La République en marche, Christophe Castaner, admet que dans le futur système, elles pourront «baisser» pour certains retraités et «augmenter» pour d’autres. Edouard Philippe répète qu’il n’est pas question de «changer les règles». Trop tard : dans les sondages, la cote du gouvernement dévisse toujours plus chez les retraités.

 

2 juillet CAP 22, sans fleurs ni couronnes

Oui ou non, l’exécutif publiera-t-il le rapport du comité «Action publique 2022» ? Ce lundi-là sur RTL, Edouard Philippe a le plus grand mal à répondre. «Ce qu’on va mettre sur la table, c’est ce que nous allons faire, nous, pour transformer l’action publique», élude le Premier ministre. Huit mois plus tôt, sous les lustres de Matignon, c’est pourtant lui qui passait la commande à ce groupe de 34 experts. Patrons, hauts fonctionnaires, acteurs associatifs ou syndicaux, ceux-ci sont chargés d’imaginer l’administration de demain : plus efficace, plus conviviale, mais surtout plus économe. La copie est alors attendue pour la fin du premier trimestre 2018. Mais les mois passent et rien ne vient. Climat social tendu, procès en droitisation qui redouble de vigueur : au gouvernement, on n’est plus pressé de recevoir cet embarrassant rapport, dont certaines propositions risquent d’indigner la fonction publique. «On va s’éviter un mois de débat sur un rapport dont la moitié des propositions n’ont pas vocation à être reprises», explique début juin un ministre. Entrés par la grande porte, les «experts» se voient finalement évacués par l’issue de service.

 

4 juillet Plan pauvreté, com misérable

Promis pour la mi-juillet, partiellement révélé dans les journaux ces dernières semaines, le plan pauvreté attendra finalement la rentrée septembre. Pourquoi ? Croyant bien faire, Agnès Buzyn explique sur LCI, en toute franchise, que le plan est prêt mais que l’exécutif pourrait en retarder l’annonce si nos footballeurs se qualifiaient pour la demi-finale de la Coupe du monde. Autrement dit : les pauvres seront fixés si l’Uruguay sort la France… Pour corriger cette désastreuse communication, l’Elysée dégaine en urgence une tout autre version. En vérité, le plan pauvreté ne serait pas prêt. Il y aurait encore du travail, car les ambitions auraient été revues à la hausse. «Ce n’est pas du cafouillage, il y a des choix à faire et on se donne les moyens de réussir. Ce n’est pas comme si on avait perdu du temps avec les autres réformes !» fait observer le député LREM du Val-d’Oise Aurélien Taché.

 

Le fort de Brégançon désormais géré par la présidence

Emmanuel et Brigitte Macron ont effectué un premier séjour début mai dans cette résidence présidentielle. Depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée, "la présidence a mené une révision globale de ses résidences, qui a conduit à la décision de reprendre en gestion directe le fort", a indiqué la présidence. "Il a désormais vocation à la fois à accueillir le président pour des périodes de repos et des rencontres diplomatiques et des petits sommets". En en reprenant l'usage, l'Elysée reprend le financement de ce site pour une enveloppe prévue de 150.000 euros par an, une enveloppe "un peu réduite" par rapport au budget de 200.000 euros consacré ces dernières années par le Centre des monuments nationaux (CMN).

 

Posts à l'affiche
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page